Le budget est un outil indispensable pour maîtriser ses finances personnelles. Malheureusement, il a mauvaise presse, en grande partie parce qu’une majorité de personnes soit ne le comprennent pas soit ne savent pas comment s’y prendre pour en élaborer un.
Quand on dit budget en général, certains entendent restriction, limitation, austérité, rabat-joie et j’en passe. Le budget est perçu comme un outil pour empêcher les gens de profiter de la vie surtout lorsqu’on doit refuser une sortie entre amis qui ferait dépasser son budget.
Une autre idée fausse sur le budget est qu’on pense en avoir élaboré un lorsqu’on se dit: « ce mois, je vais dépenser 100$ pour l’épicerie et je vais consacrer 50$ aux 5 à 7 avec les collègues ». Lorsqu’on fait ainsi son budget, à la fin du mois on ne sait plus combien on avait prévu consacrer à chaque poste de dépense et on n’a aucune idée de combien on a dépensé pour quoi.
Ce qu’est en réalité un budget
Le budget est un outil de planification par lequel on détermine les revenus que l’on recevra pendant une période et l’usage qu’on en fera. Précisons qu’un budget doit être écrit pour qu’il remplisse efficacement son rôle. Vous pouvez l’écrire dans un cahier, dans un fichier Excel ou dans l’une des multiples applications dédiées à cet effet (You Need A Budget, EveryDollar, Mint, Budget en ligne, etc.)
Un budget vous permet de donner un but précis à chaque dollar que vous gagnez. Ce qui vous amène à vivre selon vos moyens, éviter le surendettement, épargner pour vos projets, investir et bâtir de la richesse. Vous comprenez donc pourquoi le budget est la base de tout.
Le budget n’est pas un outil destiné aux personnes nanties. En fait, il a même plus de valeur pour les personnes qui ont des moyens financiers limités car il permet de déterminer les priorités et leur accorder les ressources nécessaires.
Élaboration d’un budget
Maintenant qu’on a compris l’importance du budget, on peut décliner les trois principales étapes de l’élaboration d’un budget.
1. Recenser ses revenus
Cette étape peut sembler anecdotique parce qu’on pense souvent qu’on sait exactement quel montant d’argent rentre dans nos comptes à chaque période de budget. Mais l’expérience a prouvé que beaucoup de gens ne savent pas exactement quel est leur revenu net mensuel ou aux deux semaines.
Ici au Canada, lorsqu’on parle de salaire, il s’agit généralement du salaire brut ou avant impôts. Quand on demande donc de recenser les revenus, certains vont prendre le salaire brut annuel et le diviser par 26 s’ils sont payés aux 2 semaines. Par exemple, quelqu’un qui gagne 50 mille dollars par an calculera que ses revenus aux deux semaines sont d’environ 1923$ et établira le budget sur la base de ce montant. Ce qui est complètement faux puisque les 50 mille dollars par an incluent les taxes qui sont prélevées au moment de la paie.
Lorsqu’on parle de revenus dans le cadre du budget, il s’agit du montant qui est déposé à chaque période de paie dans le compte chèque.
Les revenus incluent aussi tout argent que l’on reçoit pendant la période que couvre le budget. Si on vend des articles sur Kijiji pour 65$, ce sont des revenus. Si on a un remboursement d’impôts ou d’assurance, ce sont des revenus. Si une amie nous fait un virement Interac de 25$ pour notre anniversaire, ce sont des revenus, etc.
Recenser tous ses revenus permet d’avoir une vue d’ensemble de la quantité d’argent qu’on a et de planifier conséquemment. Si on n’inclut pas, par exemple, les montants qui ne font pas partie de notre revenu habituel, on est enclin à dépenser ces sommes futilement.
2. Recenser ses dépenses
On distingue généralement 3 types de dépenses: les dépenses fixes, les dépenses variables et les dépenses périodiques.
Les dépenses récurrentes fixes sont celles qui reviennent à chaque période de budget comme le loyer ou le paiement hypothécaire, les assurances, les frais de garderie, les services publics, les remboursements de prêts, etc.
Les dépenses variables comme leur nom l’indiquent varient d’une période à l’autre. Exemple: l’épicerie, les soins de santé, les loisirs, etc.
Les dépenses périodiques sont celles qui arrivent une fois par an ou à une périodicité inhabituelle. On peut citer par exemple les changements de pneus ou d’huile de la voiture, les réparations de la maison, le nettoyage dentaire annuel, etc.
Pour les dépenses inhabituelles, on doit évaluer leur coût, le diviser par le nombre de périodes de paie (12, 26 ou 52 selon qu’on est payé au mois, aux deux semaines ou à la semaine respectivement) et mettre de coté le montant trouvé à chaque paie pour ne pas avoir à subir un gros stress financier quand le moment de payer ladite dépense arrivera. Ce sont de tels stress financiers qui mettent le pied à l’étrier de l’endettement.
On doit recenser toutes ses obligations financières et attribuer à chacune un montant d’argent suffisant pour l’honorer.
3. Soustraire les dépenses des revenus
C’est ici qu’opère la magie du budget. Quand on a recensé nos revenus et nos dépenses, on doit faire la différence entre les premiers et les dernières et trois situations sont possibles:
Le résultat est positif. Ce qui signifie que nos dépenses sont inférieures à nos revenus. Cette situation est idéale parce qu’elle indique nous avons un certain revenu disponible pour épargner ou investir.
Le résultat est égal à zéro. Ici, nos dépenses équivalent à nos revenus et nous n’avons pas de revenu disponible pour l’épargne ou l’investissement.
Le résultat est négatif. Cela nous indiques que nos dépenses sont supérieures à nos revenus.
Face aux deux dernières situations, certains se résignent à « travailler pour payer les factures » ou à vivre dans l’endettement. Mais on n’est pas obligé de choisir entre la peste et le choléra. On peut classer ses dépenses selon les 3 critères suivants pour déterminer celles auxquelles on va attribuer ses dollars et celles qu’on va éliminer ou différer: les besoins, les envies et les désirs.
Les besoins c’est tout ce qui est nécessaire à notre vie. Par exemple, on a tous besoin d’une maison, de se nourrir, de s’habiller.
Les envies se sont les différentes façons dont nous pouvons satisfaire nos besoins. Ainsi pour se loger une personne seule peut louer un 4 et demi tandis qu’une autre va chambrer.
Les désirs ce sont des envies qui nous procurent une satisfaction émotionnelle. Pour reprendre l’exemple du logement, une personne seule peut vouloir vivre dans un quartier huppé parce que cela lui procure un sentiment d’appartenance de vivre dans un tel endroit.
La catégorisation de ses besoins selon ces critères permet de faire des arbitrages sur ce qui est important et ce sur quoi on est disposé à faire des compromis. Cela va dépendre de la personnalité de chacun. Pour certains, avoir une belle voiture sera très important mais pas vivre dans un bel appartement. Pour d’autres, manger sainement sera très important mais pas avoir la dernière technologie. Chacun en fonction de ses priorités déterminera où dépenser son argent.
S’il est important pour une personne d’avoir en même temps un bel appartement dans un quartier huppé, la voiture de l’année, le tout dernier téléphone, des vêtements de marque, alors on fait face à un problème.
Ce qu’on peut retenir pour finir c’est que le budget est un outil qui permet de donner un travail à chaque dollar. Comme les ressources sont limitées, il importe de faire des arbitrages, de déterminer ses priorités et leur accorder les sommes d’argent qui contribuent à leur satisfaction optimale.
Les dépenses qui tombent dans les catégories d’envies et de désirs sont celles qu’on va supprimer ou accorder le moins de ressources pour permettre d’arriver à la situation où les dépenses sont inférieures aux revenus pour se donner une certaine marge de manœuvre.