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5 mythes sur l’assurance vie permanente pour enfant

Si tu es parent, tu t’es probablement déjà demandé comment assurer l’avenir financier de ton ou tes enfants? Comment leur laisser un patrimoine à ton décès? Ou encore comment leur transmettre de l’argent en minimisant les impôts?

À cette question, les vendeurs d’assurance proposent souvent l’assurance vie entière en invoquant des arguments que nous verrons plus bas. Cependant, bien que logiques, ces arguments ne justifient pas la souscription à une assurance vie permanente pour mineur comme une bonne décision financière. Pour la majorité des personnes en tout cas.

Les arguments souvent invoqués pour inciter les parents à souscrire une assurance vie permanente pour leurs enfants mineurs sont:

  • Protéger le parent et l’enfant en cas de décès prématuré;
  • Garantir l’assurabilité de l’enfant;
  • Payer des primes moins dispendieuses en raison du jeune âge et de la bonne santé de l’enfant
  • Payer les primes pendant une période déterminée et profiter de la protection toute la vie
  • Prendre la valeur de rachat pour réaliser des projets (investissements.)

Examinons la pertinence de chacun de ces arguments.

Protéger le parent et l’enfant en cas de décès prématuré

L’assurance vie a généralement pour objectif de protéger les personnes qui seraient financièrement impactées par le décès prématuré d’un proche. Le capital-décès versé par l’assurance permet alors à celles-ci de vivre leur deuil sans se soucier de questions financières.

Si on s’en tient strictement à cette définition, les parents n’ont pas besoin de se protéger de la mort de leur enfant. En effet, l’enfant n’a pas de revenu sur lequel les parents comptent pour vivre. Au contraire, le décès d’un enfant représente pour les parents la disparition d’une dépense.

C’est dur pour les parents de penser que la mort de leur enfant mineur représente, en plus, la perte d’une dépense. Mais, c’est vrai. Une fois les frais relatifs aux funérailles acquittés, tous les postes de dépenses qui étaient liés à l’enfant disparaissent.

Le vendeur d’assurance va te dire qu’en cas de décès de ton enfant, tu peux avoir besoin de prendre un congé pour faire ton deuil et ne pas retourner au travail tout de suite après avoir enterré ton enfant. C’est vrai. Mais c’est là que doit intervenir ton assurance salaire ou invalidité. Une bonne assurance invalidité prend le relais et te verse ton salaire parce que tu es affectée par le décès d’un enfant.

Le vendeur d’assurance va encore te dire que l’assurance vie pour ton enfant te permettra de couvrir les frais funéraires de ton enfant si ce malheur survenait. C’est encore vrai.

Pour nous les immigrants, les frais funéraires peuvent souvent s’avérer très dispendieux. Surtout si on souhaite rapatrier la dépouille dans son pays d’origine. En plus de cela, il faut inclure le coût des cérémonies funéraires dans le pays d’origine. Cela peut facilement se chiffrer à plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Si tu n’es pas dans une situation financière où tu peux supporter ces coûts sans compromettre ta vie financière, une assurance vie temporaire pour enfant peut valoir la peine.

Comme on le verra plus bas, les avantages financiers que les vendeurs utilisent pour justifier l’assurance vie entière sont minimes. Voire inexistants.

Garantir l’assurabilité de l’enfant à l’âge adulte

Souscrire une assurance vie pour enfant alors qu’il est en bonne santé permettrait de l’assurer plus tard si sa santé venait à se détériorer. C’est ce qu’on appelle garantir l’assurabilité.

Il est important de relever que cette garantie n’est pas automatique. En d’autres termes, le fait de souscrire une assurance vie pour un enfant mineur ne signifie pas qu’il sera automatiquement assurable toute sa vie. Et ce, même si un souci de santé survenait. Il faudrait avoir un avenant de garantie d’assurabilité au contrat. Et qui dit avenant, dit frais supplémentaires à payer.

De nos jours, il est possible de s’assurer à tout âge quelque soit sa condition. Selon qu’on a une condition médicale préexistante ou pas, les primes peuvent être élevées.

Les produits d’assurance sont de très mauvais investissements, au lieu de leur verser de l’argent sous le prétexte de protéger ses proches, il vaut mieux prendre le strict nécessaire et s’occuper soi-même de ses investissements.

Payer des primes moins élevées

Cela va de soit quand on considère la valeur de l’argent dans le temps. Si tu investis 50$ pendant 65 ans, avec un rendement moyen de 7%, tu obtiens environ 715 000$.

Pour obtenir la même somme en 35 ans, il faudrait investir en 415$ par mois. Plus les paiements sont étalés, moins les mensualités sont élevés.

Le point ici est que commencer à payer 50$ pour une assurance vie permanente quand l’enfant a un ou deux ans et dire que les paiements sont moins chers n’est pas vrai. La compagnie d’assurance actualise la valeur des primes que tu vas verser les primes pendant plus de 50 ans et te donne l’impression que tu fais une bonne affaire.

Payer les primes pendant une période déterminée et profiter de la protection toute la vie

Les assurances vie permanentes aiment mettre de l’avant cet avantage. Tu paies des primes élevées pendant 5, 10, 15 ou 20 ans et ton enfant est assuré pour toute la vie. Tu offres ainsi un héritage à ton enfant et une protection à vie.

Le but de la compagnie de l’assurance est de faire de l’argent. Pas de t’enrichir. Si la compagnie d’assurance te fait payer 50 ou 100 mille dollars de primes pendant 20 ans et t’assure pour 500 ou 600 mille à vie, tu peux être certaine qu’elle se fait beaucoup plus avec l’argent que tu lui verses.

Si tu avais toi-même investis cette somme d’argent, tu aurais obtenu une valeur équivalente ou supérieure au montant pour lequel tu as assuré ton enfant.

Prendre la valeur de rachat pour réaliser des projets

La valeur de rachat c’est la somme qu’on peut recevoir lorsqu’on met fin à son assurance.

La fameuse prise de valeur de rachat ici est en fait un prêt avec intérêt. Donc, on ne prend pas la valeur de rachat, on l’emprunte avec la police d’assurance comme collatéral. On appelle cela une avance sur police d’assurance.

Comment fonctionne l’avance sur police d’assurance? Tu disposes d’une police d’assurance de 500 mille dont la valeur de rachat à l’heure actuelle est de 100 mille. Tu peux emprunter 50 mille de cette valeur de rachat auprès de ta compagnie d’assurance. Si tu décèdes avant d’avoir remboursé ton prêt plus les intérêts, la compagnie d’assurance récupère le montant de prêt restant plus les intérêts et verse la différence à tes bénéficiaires.

Certains considèrent ce prêt garanti par la police d’assurance comme de l’argent qu’ils prennent mais ce n’est pas un don. C’est un prêt.

Cet emprunt réduit bien sûr la valeur du capital-décès qui est versé à la mort du propriétaire de l’assurance vie. Car la compagnie d’assurance va soustraire le montant du prêt plus les intérêts et verser le reliquat aux bénéficiaires.

Donc ça ne représente pas un avantage car ton enfant peut emprunter de l’argent auprès d’une banque comme tout le monde. Le prêt auprès de la compagnie d’assurance n’est pas plus avantageux que celui que tu obtiendrais chez ta banque.

Quelle assurance pour enfants?

Comme je l’ai indiqué dans cet article, tous les parents doivent avoir une assurance vie temporaire tant que leurs enfants sont en bas âge. Certains assureurs offrent la possibilité aux parents d’avoir un avenant dans leur contrat d’assurance vie pour protéger la vie de leurs enfants. Ceci signifie qu’au lieu de prendre une assurance séparée, on peut inclure son ou ses enfants dans sa propre police d’assurance. Ceci est la meilleure façon selon moi d’assurer la vie de son enfant.

Certains assureurs comme AssureMoi offre d’ailleurs cette protection gratuitement.

Si la protection offerte par l’avenant à son propre contrat n’est pas suffisante, on peut souscrire une assurance vie temporaire pour son enfant, le temps qu’il puisse lui-même prendre le relais des paiements.

Transmettre de l’argent aux enfants sans impôts

L’indemnité d’assurance vie est exempte d’impôts. Cet argument est souvent invoqué pour justifier l’assurance vie permanente.

En effet, au Québec, lorsqu’une personne décède, ses biens et actifs sont réputés vendus à leur juste valeur marchande à la date du décès. Et la succession doit payer les impôts applicables à la disposition de ces biens. Ce qui réduit la part d’héritage que reçoivent les héritiers.

Cela peut résulter en une grosse facture d’impôts pour la succession.

Les vendeurs se sont emparés de cet état de fait pour vendre leurs produits. Mais il y a des moyens de planifier sa succession de manière à réduire ou retarder les impôts notamment léguer tes

  • Biens à ton conjoint
  • REER à ton conjoint
  • REER aux enfants mineurs dont tu as la charge
  • CELI à ton conjoint
  • Biens de ton vivant

Avec l’aide d’un professionnel, on peut bien préparer sa succession et laisser plus d’actifs à ses héritiers que ce qu’on aurait eu avec une assurance vie médiocre.

L’assurance vie est un produit d’investissement inefficace

Les vendeurs d’assurance jouent beaucoup la carte de l’assurance vie comme un produit d’investissement. Ceci leur permet de vendre des produits dont les clients n’ont pas besoin. À l’instar des couvertures très élevées ou encore des assurances vie avec participation.

Ils vont mettre de l’avant les volets épargne et placement de leurs produits et l’exemption d’impôts des indemnités d’assurance. Mais comme je l’ai déjà évoqué, les assurances ne sont pas efficaces comme produits d’investissements. Les rendements sont médiocres et les frais élevés.

Il vaut mieux prendre la couverture strictement nécessaire et investir soi-même le surplus dont les rendements seront meilleurs que ce qu’on pourrait avoir avec les assurances.

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