Je l’ai martelé dans plusieurs articles, le budget est la base d’une saine gestion de ses finances personnelles.
Cependant le budget a mauvaise réputation parce qu’il est considéré comme un outil de contrainte et de restriction. En effet, dans sa forme traditionnelle, le budget nécessite un suivi scrupuleux de ses dépenses pour déterminer où va chacun de nos dollars si durement gagnés. On va donc noter toutes ses dépenses au centime près et s’assurer que chaque catégorie respecte un certain montant.
Cette réputation n’est pas fondée d’après moi, car le budget est plutôt un outil qui nous donne le contrôle de nos finances et une meilleure vue d’ensemble d’où nous en sommes et ce qu’on peut faire de notre argent
La partie du budget qui a toujours été un peu difficile pour moi est celle du suivi des dépenses et la récurrence. C’est vrai qu’il y a des applications qui peuvent aider pour ça, mais je ne suis toujours pas persuadée que payer un peu plus de 100$ par an pour une application (You Need a Budget ou YNAB en l’occurrence) est un moyen de sauver de l’argent. Alors l’idée d’écrire tout ce que je dépense ne m’enchante plus tellement après presque 4 ans. C’est vrai aussi qu’avec l’habitude, j’ai une idée globale réaliste de mes dépenses.
Pour l’épicerie par exemple, je sais que je fais mon épicerie en fin de semaine et que je dois dépenser approximativement 30$ (j’ai augmenté mon budget dernièrement parce que tout est à la hausse) pour chaque voyage. Donc si je dépense plus de 30$ une fin de semaine, je vais m’arranger à dépenser moins la semaine suivante et s’il y a 5 fins de semaine dans un mois, je ne ferai pas l’épicerie une fin de semaine. C’est comme ça que je reste dans les limites de mon budget de 120$ par mois sans forcément noter tout au centime près.
Ces derniers mois, j’ai implémenté un système qui marche très bien pour moi, même si je dois encore le peaufiner. Si vous me suivez sur Instagram, vous savez que je relis en ce moment I will teach you to be rich de Ramit Sethi et j’ai appris qu’il appelle ce système un plan de dépenses consciencieux.
Qu’est-ce qu’un plan de dépenses consciencieux?
C’est une façon de gérer son argent qui, au lieu de se focaliser sur les détails quotidiens de nos dépenses, se focalise plutôt sur la vue d’ensemble. Ceci ne signifie pas qu’on est moins sérieux avec son argent ou qu’on dépense sans compter, mais qu’on prend plus de hauteur pour regarder dans l’ensemble et voir ce qu’on pourrait optimiser. Comme je le disais ici, quand on décide d’être sérieuse avec ses dépenses, on peut très vite se retrouver dans l’engrenage de « si j’économise 2$ à l’épicerie chaque semaine, ça fait 8$ par mois qui peuvent devenir X$ dans 20 ans ». J’ai moi-même été dans cet engrenage.
Mais, l’argent est un outil qui nous permet de façonner la vie dont on rêve pour nous-mêmes. Et c’est généralement parce qu’on pense à l’argent en termes de « qu’est-ce que je ne peux pas acheter » plutôt que « qu’est-ce que je peux acheter » qu’on trouve le budget contraignant.
Avec un plan de dépenses consciencieux, on se focalise sur les grands groupes et les pourcentages. On va adopter de grandes catégories de dépenses et on va allouer un pourcentage de son revenu à chaque catégorie. Plutôt que de dire par exemple « je vais dépenser 20$ pour le restaurant, 15$ pour mes livres, 70$ pour les vêtements » on peut décider de consacrer 10% de son salaire aux dépenses discrétionnaires.
Cette façon de faire donne plus de liberté et de flexibilité dans la gestion de notre argent.
Comment bâtir un plan de dépenses consciencieuses
Ramit Sethi suggère un plan à quatre grandes catégories: les dépenses fixes, l’investissement, l’épargne et les dépenses discrétionnaires ou dépenses sans culpabilité comme il les appelle.
Il suggère une allocation de 50 à 60% pour les dépenses fixes, 10% pour l’investissement, 5 à 10% pour l’épargne et 20 à 35% pour les dépenses discrétionnaires.
Pour moi, le plan de dépense consciencieux est de m’assurer que j’épargne et investis au moins 60% de mon salaire (j’ai récemment diminué ce pourcentage qui était à 70%), que je paie mes factures qui représentent environ 20% et le reste, je dépense sans compter (même si pour moi dépenser sans compter revient souvent à acheter des fonds négociés en bourse lorsque le marché est favorable, soupir).
Et parce qu’il suggère un système automatisé, la meilleure façon de mettre en place ce plan c’est de répartir son argent entre des comptes bancaires différents correspondant à chaque catégorie. On va laisser l’argent destiné aux dépenses fixes dans le compte chèque ou dans un compte d’épargne dédié, on va mettre les investissements dans le REER ou le CELI ou un compte personnel si on a maximisé les comptes enregistrés. L’épargne va aller dans un ou plusieurs comptes dédiés et les dépenses discrétionnaires auront également leur compte.
C’est très important d’avoir un compte pour chaque catégorie de dépenses, surtout pour les dépenses fixes et discrétionnaires. Ces deux catégories sont celles dont on perd facilement le contrôle. Grâce aux comptes séparés, on peut d’un coup d’œil voir qu’on a épuisé les ressources pour ce type de dépenses et on va attendre la prochaine période d’allocation.
Pourquoi ça marche?
Parce que c’est simple et automatique. On n’a pratiquement pas d’efforts à faire ici. On peut adopter les pourcentages suggérés par Ramit pour commencer, voir si à la fin de la période on a emprunté dans une autre catégorie et ajuster en conséquence. Avec des comptes dédiés à chaque catégorie, ce suivi est encore plus simple.
L’automatisation c’est l’arme secrète qui nous permet d’atteindre nos objectifs sans lever le petit doigt. Une fois qu’on a déterminé ses pourcentages et créé les différents comptes, il ne reste plus qu’à programmer des virements automatiques alignés à nos périodes de paie. Si tu gagnes 1500$ par période de paie et que tes pourcentages sont 50-20-10-20, tu vas programmer pour le lendemain du jour de paie un virement automatique de 200$ vers tes comptes d’investissement, 150$ vers tes comptes d’épargne et 300$ vers ton compte de dépenses discrétionnaires. Tu budgétises une fois pour toutes et tu revois ton système de temps à autre si des changements importants surviennent dans ta vie.
Si tu es comme moi et que tu payes tout par carte de crédit, excepté le loyer bien sûr, alors en fin de semaine, tu peux regarder tes transactions de la semaine, les grouper dans les catégories correspondantes, prendre l’argent de chaque compte et payer la carte de crédit.
Concrètement, en fin de semaine, on regarde ses transactions, on comptabilise combien appartient aux dépenses discrétionnaires par exemple 75$ et combien appartiennent aux dépenses fixes par exemple 100$ et on prend le montant 75$ et 100$ dans chaque compte et on paie la carte de crédit. On voit tout de suite ce qui reste pour chaque type de dépenses pour la prochaine semaine et jusqu’à la prochaine paie.
J’ai programmé un paiement automatique de ma carte de crédit du montant total de mes dépenses fixes le 15 de chaque mois s’il y a un solde restant je le paie avec le compte des dépenses discrétionnaires.
Il y avait un sondage dernièrement sur Instagram demandant c’est quoi nos victoires monétaires du dernier mois, je n’en ai pas parce que mon argent fonctionne en mode automatique pour me permettre de vivre. Grâce à ce système, j’ai repris gout à faire certaines activités que j’aime, mais que j’avais arrêté de faire parce que je n’arrivais pas à les rentrer dans un budget.
Que penses-tu de cette méthode? Penses-tu qu’elle est adaptée pour tout le monde ou que seules les personnes qui ont une certaine maitrise de leur argent peuvent l’appliquer?