Je vais d’abord commencer par définir ce que j’entends par richesse ici.
La richesse c’est l’ensemble des actifs ou avoirs qu’on possède et qui nous apportent la sécurité financière. Ceci suppose que les avoirs soient supérieurs aux dettes ou passifs. Dans ce sens, une personne qui est capable de dormir sereinement sur ses deux oreilles en sachant que ses obligations financières présentes et futures seront prises en charge est une personne riche.
Par ailleurs, une personne qui conduit une voiture de 75 mille dollars, ou qui gagne 250 mille dollars par an ou encore qui habite dans une maison d’un million de dollars n’est pas nécessairement riche. On a tous entendu des histoires de vedettes de cinéma, de sportifs professionnels, de médecins, d’avocats et autres personnalités aux revenus faramineux qui se sont retrouvés fauchés parce que leurs revenus n’ont pas réussi à couvrir la quantité de dettes qu’ils accumulaient.
Ce qui nous amène au cœur du sujet d’aujourd’hui.
Dans la communauté des finances personnelles, on entend beaucoup parler de millions, d’indépendance financière et de retraite anticipée (FIRE: financial independence/retire early) et autres concepts qui peuvent être décourageants pour l’individu lambda qui cherche à tirer le meilleur de son argent. J’en parlais ici, cela peut conduire à l’obsession d’accumuler toujours plus d’argent au détriment de sa qualité de vie.
Pour les immigrants comme nous qui arrivent au Canada à l’âge adulte, cela nous prend un temps d’adaptation pour comprendre les rouages du système et s’y intégrer avantageusement. Au niveau de l’emploi, on ne décroche pas tous des emplois à 6 chiffres tout de suite à notre arrivée pour nous permettre de rattraper le « retard » qu’on a accumulé par rapport aux personnes nées ici et qui connaissent (a priori) mieux que nous le système.
Entendre parler de millions et de retraite anticipée quand on a 35 ans et qu’on gagne à peine 45 milles peut donner l’impression que cette affaire de finances personnelles ne nous concerne pas.
En respectant quelques règles de base de l’argent, on est capable de se bâtir un actif net qui nous permet de subvenir à nos besoins actuels et futurs sans nous causer de stress financier. C’est ce que la plupart d’entre nous sont venus chercher au Canada.
Dépenser moins que ce que l’on gagne
Ça, c’est la base basale comme on dit chez moi. On ne peut logiquement pas aspirer à bâtir de la richesse en dépensant plus que ce que l’on gagne. Et c’est ici que le budget entre en jeu (oui, encore et toujours, je vais en parler).
Le budget permet de savoir exactement ce que l’on gagne et ce que l’on dépense. Si on dépense tout ou plus que ce qu’on gagne, le budget donne un bon aperçu d’où va l’argent et où on peut couper sans altérer sas qualité de vie.
Une règle empirique de budgétisation recommande de répartir son revenu en 50-30-20. 50 % du revenu est consacré aux dépenses essentielles, 30 % aux dépenses non essentielles, mais qui contribuent au bien-être et 20 % est consacré à l’épargne. Chacun en fonction de sa situation personnelle et de ses objectifs va faire la répartition qui lui convient le mieux. Mais il reste indispensable de vivre en dessous de ses revenus pour accumuler de la richesse.
Ceci est vrai qu’on ait un gros ou un petit revenu.
C’est le non-respect de cette règle qui entraine les situations que j’ai évoquées plus haut où des personnes ayant des revenus très élevés se retrouvent en faillite.
Un plus gros revenu ne compense pas une mauvaise gestion de son argent. Malheureusement, la culture du « work hard, play hard » et du « hustle » veut nous faire croire qu’il faut nécessairement avoir plus d’argent pour avoir la sécurité financière. De nombreux blogues en finances personnelles louent et recommandent plusieurs sources de revenus. D’autres dénigrent le salariat et estiment que celui-ci ne nous rendra jamais riches. Il faut à tout prix être entrepreneur, avoir un business qui génère un gros chiffre d’affaires.
Ne vous méprenez surtout pas, je n’ai rien contre l’entrepreneuriat ou les « side hustles » (moi-même j’en ai). Je veux simplement souligner le fait que gagner plus d’argent n’est pas une garantie qu’on sera à l’abri des problèmes financiers pour le reste de sa vie. C’est en respectant la règle de base de dépenser moins que ce qu’on gagne qu’on y arrive.
Avant d’aller à la conquête du monde pour gagner plus, il faut d’abord s’assurer qu’on sait où va chacun de ses dollars et que les dollars qu’on dépense sont inférieurs à ceux qu’on gagne.
Se payer en premier
Se payer en premier ne signifie pas se payer un restaurant ou un beau vêtement ou un gadget pour se récompenser d’avoir travaillé dur.
Il s’agit de payer son futur soi avec l’argent d’aujourd’hui. À chaque fois qu’on reçoit sa paie, la première des choses à faire avant de payer les factures ou la dîme est de mettre de côté de l’argent pour son futur soi.
La première règle était de vivre en dessous de ce qu’on gagne. La différence entre ce qu’on gagne et ce qu’on ne dépense pas est la paie qu’on se verse à soi-même. Sauf que, plutôt que de se payer ce qui reste lorsqu’on a payé tout le reste, la meilleure chose à faire est de se payer avant.
Une autre méthode de budgétisation basée sur cette règle est de décider d’un montant qu’on épargne à chaque période de paie et le reste est dépensé comme bon nous semble. Personnellement, c’est un peu cette méthode que j’utilise pour mon budget. J’ai un montant fixe que j’épargne à chaque période de paie et le reste est utilisé pour vivre.
Le virement automatique est votre meilleur ami pour vous payer en premier. Toutes les institutions financières proposent cette option. Mettez en place des virements automatiques alignés à vos dates de paie vers un compte hébergé dans une institution autre que celle dans laquelle vous recevez votre paie et oubliez.
Ça a l’air évident dit comme ça, mais le meilleur moyen de se payer en dernier ou de ne pas se payer du tout est de penser qu’on va faire des virements manuels à chaque paie vers le compte d’épargne. Dès que la paie arrive dans le compte, on est submergé par toutes les choses qu’on veut faire. Si l’épargne n’a pas été prélevée automatiquement au même moment que la paie est arrivée, on se retrouve soit à épargner moins que ce qu’on voudrait soit ne pas épargner du tout parce qu’on a payé tout le monde sauf soi-même.
Tout comme votre salaire augmente chaque année ou selon une certaine périodicité, votre épargne personnelle doit aussi augmenter. Vous conviendrez avec moi qu’il serait ridicule de continuer à épargner 25 $ à chaque période de paie comme lorsque vous étiez étudiant alors que vous gagnez maintenant quatre fois plus votre salaire d’étudiant. Donc, revenez périodiquement sur vos paramètres de virements automatiques pour vous attribuer votre augmentation de salaire.
Mettre son argent au travail
Il faut investir son argent.
Comme je l’expliquais dans l’article Comment faire travailler son argent, les véhicules qu’on choisit pour son épargne sont tout aussi importants que l’épargne en elle-même. Et si l’on pense pouvoir bâtir de la richesse juste à la force de son épargne, on se trompe lourdement.
Einstein aurait dit que les intérêts composés sont la huitième merveille du monde et que celui qui le comprend les gagne et celui qui ne le comprend pas les paie. Warren Buffet, le célèbre investisseur et milliardaire américain, aurait pour sa part affirmé que sa fortune provenait en partie des intérêts composés.
Quand on parle d’intérêts composés ici, il ne s’agit bien sûr pas des 0,1 à 2 % qu’offrent les comptes d’épargne traditionnels ou les certificats de placements (ou de pauvreté, c’est selon) garantis. On parle de l’investissement en bourse dont les rendements moyens sont de 10 % par an dépendamment du type de portefeuille. Un tel rendement protège votre argent de l’inflation qui est un danger qui menace votre épargne si vous ne la mettez pas dans le bon véhicule.
J’ai abordé ici la question de la peur de la Bourse qui empêche certaines personnes de véritablement mettre leur argent au travail et en tirer le meilleur parti. Je me suis auto-instruite sur les fondements de la Bourse et je gère moi-même mes investissements qui consistent essentiellement en des fonds négociés en Bourse (FNB). Mais pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas le faire, je recommande de se tourner vers des professionnels qui peuvent les guider.
Bien que les frais qu’on paie à un professionnel pour qu’il gère nos placements grugent notre rendement final, ce dernier est toujours plus élevé que ce qu’on obtiendrait avec un compte d’épargne à 2 %. Donc, plutôt que de chipoter sur les frais et mettre son argent dans un compte d’épargne, il vaut mieux payer un professionnel et obtenir un rendement de 5 ou 6 % après les frais. Je reviendrai ultérieurement sur le choix d’un conseiller financier.
Voilà présentées les trois règles pour bâtir la richesse. Elles sont à appliquer ensemble. On ne doit pas en faire une et laisser l’autre sinon on n’atteint pas ses objectifs. Vous remarquerez qu’il n’est nulle part fait mention d’un certain montant de revenu à partir duquel on peut appliquer ces règles. Ceci signifie que tout niveau de revenu est capable de construire un patrimoine financier.
Maintenant je vous laisse aller vous enrichir.