J’ai été bouleversée dans mes opinions sur les finances personnelles cette semaine.
Quand j’ai pris la décision de mieux gérer mon argent après avoir constaté que je n’optimisais pas chacun de mes dollars, j’ai fait ce que beaucoup de personnes font souvent dans ces cas : couper drastiquement dans toutes les dépenses non essentielles.
Pour chaque dollar que je prévoyais dépenser, je me demandais si je ne pourrais pas en faire un meilleur usage comme l’épargner ou l’investir. En général, j’en arrivais à la conclusion que je ferais mieux d’épargner ou d’investir.
Toutes les ressources disponibles sur internet confortent dans l’idée que chaque dollar dépensé dans un désir, un plaisir, du confort ou du luxe est un dollar de trop qui nous éloigne de notre but ultime.
En parlant de but ultime, on découvre que des personnes comme nous, c’est-à-dire avec des salaires de moins de 100 mille dollars par an sont devenues millionnaires ou ont pris leur retraite avant les 65 ans habituels ici au Canada. On se prend alors à rêver de la même chose en se disant que si des gens comme nous l’ont fait, nous pouvons également le faire.
Pour y arriver, on se gave d’informations, d’astuces, de tactiques, et de techniques pour diminuer au maximum les dépenses et augmenter au maximum les revenus. La frugalité et le minimalisme deviennent nos meilleurs amis. L’entrepreneuriat devient une évidence à suivre en plus de son emploi régulier à temps plein, car tous les « gourous » qu’on écoute et lit à longueur de journée nous disent qu’il nous faut plusieurs sources de revenus.
On élimine de sa vie des choses comme Netflix qui, en plus de nous coûter de l’argent, nous perdent un temps précieux qu’on pourrait consacrer à bâtir ses autres sources de revenus.
On méprise la dette et on juge sévèrement ceux qui y ont recours notamment pour acheter des biens de consommations ou du passif selon l’expression de Robert Kiyosaki, l’auteur du livre Père riche, père pauvre. On rejette le confort ou le luxe.
Cette remise en question permanente de toute dépense non essentielle m’a permis de beaucoup épargner, de payer mes études et de graduer comme étudiante internationale avec zéro dette. Je suis très fière de cet accomplissement.
À long terme, tous ces efforts conduisent éventuellement à l’indépendance financière. Mais à quel prix ?
Je suis retournée sur Reddit cette semaine après près d’un an et demi d’absence. J’y suis abonnée à tout ce qui touche aux finances personnelles et j’ai lu des publications de personnes qui affirment que la poursuite de l’indépendance financière les rend tellement misérables qu’elles sont inquiètes pour leur santé mentale. D’autres affirmaient avoir atteint l’indépendance financière « trop tôt » et ne savaient pas quoi faire d’elles-mêmes et devaient réapprendre à vivre.
Ces témoignages étaient bouleversants.
Lorsqu’on découvre la gestion des finances personnelles, on se jette à corps perdu dans l’accumulation de richesses parce que c’est ce que les ressources que nous lisons font. On ne se pose pas vraiment la question de savoir « pourquoi je fais tout ceci ? »
On embrasse les objectifs généraux tels que quitter son emploi régulier à temps plein pour faire ce qu’on aime. Un tel objectif présume d’une part qu’on n’aime pas son travail et d’autre part qu’on a des intérêts autres que son travail que l’on souhaite poursuivre sans obligations pour ceux-ci de rapporter de l’argent.
Mais combien d’entre nous ont de tels intérêts qui nous occuperaient à temps plein si on n’était plus obligé de travailler ?
Personnellement, si je me retrouvais avec plein d’argent au point de ne plus être obligée de travailler, je continuerais tout de même à travailler à temps partiel parce qu’autrement je m’ennuierais à mourir. Un de mes profs d’université qui aura bientôt 80 ans me disait qu’il ne compte pas prendre de retraite, car il ne sait pas ce qu’il ferait de sa vie s’il n’avait plus son travail.
Avant donc de se lancer à corps perdu dans la poursuite de l’indépendance financière, il est bon de respecter les points suivants qui permettent de vivre pleinement sa vie pendant qu’on se bâtit un meilleur avenir financier.
Avoir un plan
Pourquoi voulons-nous la liberté financière ? Qu’allons-nous faire du temps que la liberté financière va nous acheter ? Comment allons-nous continuer à vivre pendant qu’on travaille à notre liberté financière ?
Sans avoir répondu à ces questions, on risque de se retrouver financièrement indépendant, mais très malheureux.
Un plan nous donne une vue d’ensemble sur notre vie et nos objectifs. Avec une idée claire de ce plan, on sait où on s’en va, les outils pour nous aider à y arriver et les pièges à éviter.
On ne perd donc pas de temps à chipoter sur le café à 5 $ qu’on se paie au Starbucks sous le prétexte que cela nous coûte 80 $ par an. On ne passe pas non plus une heure à courir les épiceries pour sauver 10 $ sur sa facture.
Un plan nous permet également d’utiliser les outils à notre disposition pour atteindre nos objectifs. On n’aura donc pas des avis tranchés tels que « le crédit, c’est mauvais », « une voiture neuve est une mauvaise décision financière ». Chacun analysera comment ces situations s’inscrivent dans son plan global et décidera de ce qui le rend heureux tout en poursuivant ses objectifs à long terme.
Un plan nous permet enfin de consacrer nos efforts à optimiser les gros achats plutôt que les petits achats du quotidien. Acheter une maison avec un mauvais taux d’intérêt coûte bien plus cher à long terme que le café à 5 $ du Starbucks.
Continuer à vivre…
Si on se prive de tout parce qu’on veut atteindre l’indépendance financière, il est fort probable que cette indépendance financière ait un goût amer, si jamais on y arrive. Être frustré de ne pas pouvoir s’offrir quoi que ce soit n’est pas un état d’esprit encourageant.
On entend tout le temps parler du café à 5 $ qui nous coûte 500 $ par an, et comment ces 500 $ sont un manque à gagner non négligeable dans notre voie vers l’indépendance financière. Soit.
Une question importante à se poser est « à quel point ce café contribue-t-il à mon bonheur ? » Si j’économise 500 $ en café par an et que je suis frustrée en arrivant au travail, d’avoir dû me lever tôt pour faire le café maison à 25 cents la tasse, cela en vaut-il vraiment la peine ?
Le fait maison est aussi largement encouragé et loué. Il coûterait moins cher que ce qu’on achète et il serait de meilleure qualité. Mais qu’en est-il du coût de renonciation ? Si je passe mes weekends à préparer mes repas de la semaine, est-ce la meilleure utilisation possible de mon temps ? Si j’économise en faisant cela est-ce que je gagne en qualité de vie ?
Il ne sert à rien d’avoir plein d’argent en banque et d’être frustré dans sa vie de tous les jours. On doit pouvoir trouver un équilibre qui correspond à ses aspirations personnelles.
… et accumuler de la richesse
Les règles d’accumulation de la richesse sont assez simples : dépenser moins que ce qu’on gagne, se payer en premier et faire travailler son argent.
Ce n’est pas parce qu’on ne doit pas se priver au point d’en être frustré qu’on peut tout se permettre. On peut avoir n’importe quoi, mais pas tout ce qu’on veut. Pour quiconque aspire donc à bâtir de la richesse, il est important d’avoir la bonne attitude vis-à-vis de l’argent. Si je dépense 500 $ par an en café alors que je n’économise pas autant, il y a clairement problème dans mes priorités.
Beaucoup d’entre nous refusent de s’occuper de leurs finances sous le prétexte qu’il faut profiter de la vie. « On ne vit qu’une fois » et « on peut mourir demain » sont les expressions les plus souvent avancées. Effectivement, on ne vit qu’une fois mais on peut aussi mourir à 90 ans. Si on a joui de la vie comme si on mourrait demain, vivre jusqu’à 90 ans peut s’avérer une longue agonie.
Comme nul ne sait ni le jour, ni l’année, il vaut mieux se préparer à vivre jusqu’à 90 ans et s’assurer que la vie continuera d’être agréable jusqu’à cet âge.
Les chiffres ne comptent pas si la qualité de vie est sacrifiée.
J’adore !
Merci pour cet article édifiant Julie.